CHAPITRE XI

LE PORT D’AMARRAGE d’Ast Faurès était si vaste qu’il pouvait accueillir l’orbiteur sans qu’il soit nécessaire d’utiliser un module de liaison. Valrin et Xavier assistèrent à l’arrivée par la baie vitrée d’une salle de repos. Ast Faurès était une arcologie, un monde-astéroïde orbitant autour d’une planète tellurique de deux fois la taille de la Terre et de huit fois sa masse : Es Faurèsi. Un monstre drapé de nuées opaques et corrosives ne permettant jamais de voir la surface. Des éruptions volcaniques intenses imbibaient l’atmosphère de teintes allant du bistre terne au grenat éclatant. La croûte résistait tant bien que mal, au prix de dislocations périodiques, aux conditions extrêmes. Seul l’éloignement du soleil – un an faurésien équivalait à cinquante années terrestres – l’empêchait de bouillir. La chaleur et la radioactivité la rendaient stérile, aussi l’Eborn avait-elle installé un avant-poste sur la maigre ceinture d’astéroïdes qui la ceignait.

Elle avait porté son choix sur un caillou ovoïde de seize kilomètres de long et l’avait baptisé – avec un remarquable manque d’imagination – Ast Faurès, puis l’avait déplacé sur une orbite extérieure, à distance respectable de la ceinture d’astéroïdes.

La spécificité d’Ast Faurès ne tenait pas à la planète géante qui lui servait d’ancre gravifique mais aux travaux qu’avait entrepris l’Eborn, alors en pleine expansion. La jeune multimondiale avait eu l’idée de créer un lieu de villégiature pour ses cadres les plus méritants. Ast Faurès avait été sélectionné. Les architectes les plus en vue en avaient fait une planète miniature dotée de sa propre atmosphère – on avait écopé celle d’Es Faurèsi pour y puiser les éléments nécessaires. Une enveloppe transparente, retenue par des amarres à l’astéroïde central, évitait à l’air de s’évaporer dans l’espace. C’était un feuilleté de polymères d’un centimètre d’épaisseur dans lequel circulait un colloïde ; les millions de nanomachines qui flottaient dedans colmataient les fuites provoquées par les micro-impacts survenant deux à trois fois par jour et réparaient les brins moléculaires des polymères rompus par les rayons cosmiques ou la fatigue du matériau. Les équipements de maintenance et les structures urbaines ne se trouvaient pas en surface : elles truffaient l’intérieur du bloc rocheux originel de l’arcologie. Celui-ci se percevait à travers la membrane et la couche d’air de deux cent cinquante mètres d’épaisseur.

« C’est magnifique, ne put s’empêcher de s’exclamer Xavier. Sortir à la surface sans scaphandre… On dirait un fruit vert suspendu dans l’espace. Comme si on avait découpé un morceau de forêt à une planète, qu’on aurait ensuite recousu sur un astéroïde pour l’habiller.

— Pas une mais vingt-deux planètes, rectifia Valrin. C’est un patchwork écologique. La surface a été sculptée et paysagée pour entretenir l’illusion d’être à l’air libre. Toutes les installations et les habitations des cinq mille résidents permanents sont en sous-sol. Il y a cinq fois plus de touristes. Ils viennent admirer l’orgueil de l’Eborn.

— L’entretien de la biosphère doit être un gouffre financier, murmura Xavier. Rien ne justifie une telle dépense.

— Détrompe-toi ! C’est la preuve que la mégalomanie des multimondiales a du bon. Sans elle, Ast Faurès ne serait qu’un astéroïde parmi d’autres.

— Je ne te comprends pas. Toi et moi avons été victimes de la KAY, mais tu n’es pas naïf au point de croire que l’Eborn est plus convenable. »

Valrin secoua la tête.

« C’est la KAY qui m’a fait renaître. Je méprise ce que j’ai été avant ma métamorphose. Un nom sans importance, tout en bas d’un organigramme. Sans la KAY, je ne serais jamais allé jusqu’ici. Je n’aurais jamais réellement vécu.

— Elle t’a torturé…

— Et elle paiera pour ça.

— Tu la hais, mais en même temps on dirait… on dirait que tu l’aimes. Comment peut-on… »

Il laissa sa phrase en suspens.

« Je ne te demande pas de me comprendre, sourit Valrin. Admire plutôt le paysage. »

Renonçant à poursuivre, Xavier s’absorba dans la contemplation de Faurès. Seules les pulsations des réacteurs d’appoint occupés à synchroniser le vaisseau sur l’arcologie troublaient le silence. L’accès au port s’effectuait par un puits qui perçait du ballon au niveau de la pointe de l’œuf. À mesure que le vaisseau s’approchait de l’ouverture, les détails du relief devenaient visibles : une rivière bleu turquoise sillonnait des plateaux ravinés, des collines et des cratères délimitant des jardins multicolores.

« Magnifique… » répéta Xavier au moment où le puits d’accès engloutissait le vaisseau.

Des lumières artificielles remplacèrent le fond étoilé. Des boudins-passerelles couraient le long de la paroi, serpentant entre des caténaires, des docks temporaires, des grues en surplomb de nacelles de radoub. L’orbiteur dépassa des vaisseaux plus petits. Puis, après plusieurs à-coups, il s’immobilisa. La baie s’opacifia, et Xavier s’aperçut qu’il s’agissait d’un écran.

« Il est temps de rencontrer ce monsieur Ilon Desiderio », fit Valrin en se détournant.

Ils purent sortir après avoir sacrifié aux formalités sanitaires. L’heure locale indiquait presque midi.

Les galeries, décorées de styles planétaires marqués, bruissaient de monde. Tout avait été conçu pour faciliter la progression en gravité réduite : des barges sans propulsion visible circulaient au milieu des galeries, s’arrêtant au niveau de petits quais spécialement aménagés. Les policiers ainsi que quelques civils – sans doute autorisés – utilisaient de longs bâtons pour se mouvoir sans l’aide de leurs jambes ni de leurs mains.

L’air était d’une qualité remarquable, frais et chargé de fragrances subtiles ; sans doute provenait-il de l’extérieur. Valrin entraîna Xavier en direction du quartier des affaires. Il n’eut pas besoin des téléthèques pour savoir où se trouvait le comptoir de l’Eborn : l’établissement s’ancrait au point central, étalant une majestueuse façade de pierre vernie tout en dégradés de gris et de verts.

De l’autre côté de la place se dressait un restaurant dont le nom en devanture était presque illisible à force de fioritures : L’Herbier. Valrin poussa la porte à vis, malgré les protestations de Xavier contre cette dépense excessive. Sur la moitié des tables inoccupées clignotait le mot RÉSERVÉ. Les sièges étaient des fauteuils en cuir végétal, sur les appuis-tête desquels étaient fixés de délicats napperons.

Ils s’installèrent sous un mur où séchaient des fleurs ombellées et des feuilles présentant des spécimens de la surface. Les tables, quant à elles, étaient des écrans branchés en direct sur des jardins. Les plantes ondulant sous la brise avaient un effet apaisant. Il devait être possible de changer de prise de vue, mais c’était parfait ainsi.

Valrin n’eut aucun mal à lier conversation avec une serveuse au petit nez en trompette aussi refait que le reste de sa silhouette. Ici, cela semblait être la norme.

« Monsieur Desiderio, vous dites ? grasseya-t-elle. Oui, il vient souvent déjeuner ici.

— Je dois le rencontrer tout à l’heure », dit Valrin.

La jeune femme eut un sourire pincé.

« Et vous voulez des infos croustillantes, c’est ça ? Navrée, mais vous n’en aurez pas. Monsieur Desiderio est quelqu’un de très comme il faut.

— J’en suis persuadé, et votre discrétion est tout à votre honneur. Je voudrais seulement savoir quel plat il préfère.

— Ce n’est que ça ? Il en change régulièrement, car la carte dépend des arrivages. En ce moment, il commande du porçon truffé aux grains de garresh, dans une sauce à la moutarde. »

Valrin désigna l’entrée.

« La façade du comptoir de l’Eborn est impressionnante. »

La jeune femme hocha la tête d’un air blasé.

« N’est-ce pas ? Elle est aussi visitée que les jardins de surface. Du marbre spatial, on appelle ça. C’est le cœur métallique d’un astéroïde qui a été fracassé il y a cinq milliards d’années et a dérivé dans la région centrale de la galaxie, là où le vent cosmique est le plus intense. Il a été récupéré et débité en tranches pour former les dalles de la façade. On dit qu’elle n’a pas de prix.

— Je veux bien le croire », fit Valrin.

Ils commandèrent un jus de fruit tiède où surnageaient des billes de gelée aromatisée.

« Que fait-on maintenant ? s’enquit Xavier en tâchant d’oublier le goût de la boisson.

— Je doute qu’un rendez-vous nous soit accordé. Nous attendons donc ici que monsieur Desiderio daigne pointer le bout de son nez. Ensuite nous aurons une conversation avec lui.

— Et que comptes-tu lui dire : que tu es prêt à négocier vingt centimètres cubes de sang hybride ? Contre quoi, d’ailleurs ?

— Il s’agit d’abord d’une simple prise de contact. Fais-moi confiance. J’ai même un cadeau pour lui. »

Il posa sur la table une statuette en métal figurant une espèce de singe à six membres assis sur son postérieur. Elle était haute comme la main et semblait faite de fils de cuivre si serrés qu’ils s’étaient amalgamés. Les ciselures étaient fines, mais l’objet n’avait rien d’extraordinaire. Xavier sourit, interloqué.

« Où est-ce que tu t’es procuré cette affreuse babiole ?

— Affreuse, tu exagères. Un cadeau, trouvé sur ta planète natale… Non, ne le touche pas. C’est à trente-sept degrés qu’il prend sa forme utilitaire.

— Pardon ? »

Valrin referma la main sur la figurine.

« Attention, le voilà. » Ilon Desiderio était accompagné d’un individu plus jeune que lui et à l’élégance plus superficielle. Ils se dirigèrent tout de suite vers une table à l’écart, sans doute là où déjeunait habituellement Desiderio. Le personnel s’affaira aussitôt autour d’eux, les autres clients devenant secondaires. Valrin regarda l’objet dans sa main et repoussa sa chaise.

« C’est le moment, dit-il sans regarder Xavier. Suis-moi et évite d’intervenir. »

Il se dirigea directement vers la table. Ilon Desiderio leva les yeux au moment où il se penchait par-dessus l’épaule de son ami. Aussitôt, son regard obliqua vers le couteau que Valrin tenait à la main, la pointe de la lame touchant presque le cou de son ami.

« S’il vous plaît, monsieur Desiderio, dit Valrin doucement, nous avons à parler. Dites à votre ami de nous laisser seuls. »

Le jeune homme commença à protester, mais Desiderio le congédia d’une voix calme :

« C’est un rendez-vous que j’ai oublié. Excuse-moi, Bertrand. Je promets de passer te voir après. Ce serait trop bête…

— Ne te donne pas cette peine », lança le jeune homme en jetant sa serviette sur son assiette.

Valrin s’assit à sa place dès qu’il eut disparu. Il posa le couteau devant lui. Quelques secondes plus tard, l’arme se mit à remuer, se ramassant sur elle-même pour reprendre sa forme originelle : une statue de singe.

« Un cadeau pour votre ami, dit Valrin en poussant l’objet devant lui. Avec mes excuses. »

Desiderio n’avait pas bougé d’un millimètre. Ses lèvres bougèrent à peine lorsqu’il parla.

« Maintenant que vous avez réussi à attirer mon attention, en quoi puis-je vous aider ?

— Je voudrais que vous nous rendiez service.

— Combien voulez-vous ?

— Vous vous méprenez, monsieur Desiderio, nous ne sommes pas des bandits. Le service consistera à envoyer un message au bureau exécutif de l’Eborn par votre canal sécurisé.

— Rien que ça ! Je crois que je préférerais vous donner de l’argent. »

Ils se turent, car un serveur apportait un plat roulant.

« Tout va bien, monsieur ? demanda ce dernier en jetant un coup d’œil suspicieux aux deux hommes.

— Oui. Je déjeunerai plus tard, vous pouvez disposer. »

Puis le regard de Desiderio se durcit.

« Vous avez intérêt à vous montrer très persuasifs. Naturellement, dans un sens différent de ce que vous venez de faire. Je ne suis pas sensible à la violence : sachez que mes vêtements sont en soie produite par des vers génétiquement programmés pour y incorporer des nanofibres de carbone. Même une lame en céramique ne pourrait les percer. »

Valrin resta impassible.

« C’est bien pourquoi j’aurais enfoncé la lame dans l’orbite oculaire… Mais j’en viens au fait : nous détenons quelque chose qui intéresse votre bureau exécutif. Son plus grand secret.

— Rien que ça ? Et de quoi s’agit-il ?

— Je ne suis pas sûr que vous aimeriez savoir. Il n’est pas très bon pour la santé de détenir certaines connaissances. »

L’homme joignit ses mains, doigts entrelacés.

« Nous tournerons en rond tant que vous ne m’aurez pas parlé de ce fameux secret. Et tant que je n’aurai pas vérifié par moi-même.

— Vous prenez un gros risque.

— Allez-y. Mais dépêchez-vous, j’ai faim. »

En quelques minutes, Valrin résuma leur voyage.

« Si j’ai bien compris, dit Desiderio sans s’émouvoir, la KAY convoie une mystérieuse jeune femme de planète en planète, et la compagnie que je représente cherche à se l’approprier. Mais vous ne m’avez pas dit l’essentiel : en quoi le code génétique étranger de cette Jana est susceptible d’intéresser autant deux multimondiales.

— C’est une information confidentielle, même pour un confidato.

— Je suis habilité à traiter les informations confidentielles.

— C’est la raison pour laquelle c’est à vous que je demande d’envoyer un message crypté avec ce que je vous ai raconté. Dans l’intitulé, il vous suffit d’inscrire ces mots : Porte noire. Je vous assure que la réponse ne tardera pas. À ce moment-là, je vous communiquerai mon offre. »

L’homme sourit.

« Vous vous fichez de moi ? Il me faut une preuve. Quelques lignes du code génétique que vous avez numérisé feront l’affaire. À ce moment-là, moi je vous croirai et je transmettrai le message.

— Impossible. Je ne livrerai aucune partie du code.

— Alors notre discussion n’a plus d’objet. Je vous suggère d’entrer en contact avec notre bureau exécutif par la voie normale. Adieu, messieurs. »

Valrin fit un signe de tête à Xavier et se leva. Puis il se pencha par-dessus la table :

« Vous allez bientôt avoir une preuve de ce que j’avance, mais le prix en sera Ast Faurès. Je vais avertir l’Eborn de notre présence par la voie publique. Je donne trois jours à la KAY pour venir et essayer de nous éliminer par tous les moyens. À ce moment-là, vous nous croirez, mais il sera trop tard pour votre bel habitat. Un conseil si vous voulez avoir la vie sauve : la KAY a certainement des agents infiltrés. Arrêtez tous ceux que vous connaissez ou suspectez.

— Estimez-vous heureux que ce soit vous que je ne fasse pas arrêter. »

Sur ce, Desiderio eut un sourire poli et fit apparaître la carte sur l’écran de la table, en surimpression du paysage.

 

« Nous avons échoué », se plaignit Xavier tandis qu’ils erraient dans les galeries.

Le sourire n’avait pas quitté les lèvres de son compagnon.

« Je m’attendais à un refus, dit-il. Desiderio a peur de mordre à un hameçon trop gros pour lui. Mais cela ne durera pas.

— Tu ne comptes pas mettre ta menace à exécution ?

— Bien au contraire.

— Tant que la KAY ignore notre existence, nous sommes à l’abri. Si jamais elle l’apprend…

— Elle nous trouvera tôt ou tard. Comme tu l’as dit, seuls, nous ne pouvons rien : nous avons besoin de l’Eborn. Mais je veux que la KAY sache que nous existons. Une confrontation ouverte entre les deux mastodontes ne peut que nous être profitable. C’est peut-être même notre meilleure garantie de survie. »

À condition qu’ils ne nous écrasent pas, songea Xavier.

« Tu te rends compte de ce que cela signifie pour les habitants d’Ast Faurès ? fit-il.

— En profitant des avantages de l’Eborn, ils ont perdu les prérogatives de l’innocence. »

Il envoya un message d’un terminal public. Xavier se demandait s’il ne faisait pas un mauvais rêve. La confiance sans borne que Valrin avait en lui-même le sidérait. À aucun moment il n’avait considéré que l’arrivée des forces de la KAY pouvait leur coûter la vie. Et, comme dans un mauvais rêve, Xavier se sentait impuissant à infléchir le cours des événements.

Deux jours après l’envoi du message de Valrin, quatre vaisseaux d’intervention de la KAY émergèrent de la Porte de Vangk.

La mécanique du talion
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